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Egalité de genre: A peine 19,9% des femmes en activité au Maroc

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Le taux d’activité de la population féminine âgée de 15 ans et plus est seulement de 19,9% en 2020.

Le taux est précisé, jeudi à Rabat par une étude du HCP présentée au titre de 2021 lors d’une rencontre sous Haut patronage royal. Un chiffre que Ahmed Lahlimi Alami explique par «la faible valorisation du potentiel des femmes». Il ressort également de cette étude que le taux d’activité des diplômés de 25 à 59 ans, pour la même année, se situe à 33,7% pour les filles contre 92,5% pour les garçons. Quant au taux d’emploi des 15 ans et plus, dans la même année, il est de 16,7% pour les femmes et de 62,2% pour les hommes. Les divergences persistent également selon les milieux.

13,5% de femmes contre 58,5% d’hommes dans l’urbain
En milieu urbain, le taux d’emploi des femmes de 15 et plus est de 13,5% en 2020 contre 58,5% pour les hommes. Cependant, le taux d’emploi des femmes rurales est plus élevé, il est de 22,8% contre 70,9% des hommes dans ce milieu. Dans la catégorie des non diplômés, les femmes sont de 16,8% et les hommes sont plutôt de 73,9%. Pour les diplômés du supérieur, les femmes sont de 29,5% alors que les hommes totalisent plus que la moitié des diplômés (soit 52,9%). Concernant le taux de chômage, il est, en 2020, de 10,7% pour les garçons de 15 et plus, 19,6% pour les 15 à 34 ans et de 17,3% pour les diplômés du supérieur. Pour les filles, les chiffres sont en hausse. Elles sont 16,2% de 15 ans et plus à être au chômage en 2020. Celles âgées de 15 à 34 ans enregistrent un taux de chômage de 30,6% au moment où les diplômées du supérieur sont de 29,9% à être également sans travail. Et ce n’est pas tout ! Le haut commissaire au plan dresse un bilan de l’emploi féminin par secteur.

Agriculture, industrie, salaires…
«La demande de main-d’œuvre reste peu diversifiée avec une prédominance de l’agriculture (31% d’actifs occupés) et une faible présence dans l’industrie (12%) et l’offre avec une population active faiblement qualifiée et peu productive (53% d’actifs occupés ne sont pas diplômés, 31% ont un diplôme moyen, 16% un diplôme supérieur)», détaille M. Lahlimi. Pire encore, la demande sociale est, pour lui, aussi défavorable pour les hommes que pour les femmes, mettant au chômage 11% des premiers et 17% des seconds. «Si, quel que soit le sexe, les taux de chômage augmentent avec le niveau d’instruction, il faut admettre que la situation des femmes est beaucoup plus problématique, notamment pour les diplômées du supérieur qui rencontrent de grandes difficultés à accéder à l’emploi (33% contre 22% parmi les hommes)», ajoute-t-il. De plus, la qualité de l’emploi de la femme reste, en plus de la sous-valorisation du potentiel féminin dans le marché du travail, «faible». «Quand elles accèdent à l’emploi, celui-ci est dominé par l’emploi non rémunéré et une inégalité forte dans sa rémunération. 64% des femmes actives occupées ont un emploi rémunéré contre 91% pour les hommes. En outre, la quasi-totalité des branches présente un écart salarial significatif de l’ordre de 30% en défaveur des femmes», explicite-t-il en établissant des comparaisons. Tel qu’il le ressort, dans les deux périodes de 2000-2009 et celle de 2010-2019, la contribution de la femme à la croissance économique est passée de 22% durant la première décennie des années 2000 à une contribution négative de 33% durant la deuxième décennie. «Une perte due en grande partie à l’augmentation de l’inactivité de la femme qui a enregistré une contribution négative de presque 16% à la croissance économique», avance-t-il.

Les recettes du HCP
Par l’occasion, M. Lahlimi dresse les perspectives de la situation de la femme. «Les estimations du potentiel féminin montrent que près de 1,7 million de femmes inactives pourraient devenir des actives occupées en situation de salariat. La mobilisation de ce potentiel permettrait d’élever le taux d’activité des femmes à 34,8% et d’augmenter la valeur ajoutée totale de 13%», se projette-t-il. Dans ce sens, il donne également le chiffre de «8 femmes sur 10 qui restent en dehors du marché de travail». La plupart d’entre elles sont des femmes au foyer (73,7%) ou des élèves ou étudiantes (15,1%). «La présence de plus en plus grande dans l’espace public, l’implication de plus en plus forte dans la société civile, son accès au savoir et de plus en plus à l’avoir et demain au pouvoir, annonce un leadership féminin dont les conséquences seront déterminantes dans les transformations et les valeurs de la société», estime-t-il.

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Des «obstacles et inégalités qui persistent»

Egalement de la partie, la représentante de l’ONU femmes au Maroc, Leila Rhiwi, estime que «des obstacles et inégalités persistent malgré les avancées du Maroc». Elle précise que ces inégalités sont constatées au niveau de «l’éducation, la santé, l’emploi et le leadership». «Il y a une urgence d’agir», poursuit-elle en s’exprimant en même temps sur le taux d’activité en baisse constante. Quant aux statistiques sensibles au genre, elles sont, à son sens, de nature à «permettre de capturer le contexte, d’éclairer les politiques publiques et sensibiliser les acteurs». Le tout en annonçant le partage pour la première fois en Afrique d’une plate-forme à cet effet. «Le cadre légal et institutionnel gagnerait à être consolidé», ajoute-t-elle entre-temps. De son côté, le chef adjoint de la délégation de l’UE au Maroc, Alessio Cappellani, révèle «l’objectif à l’horizon 2025 de consacrer plus de ressources de la coopération à l’égalité du genre». «Mais, il faut des politiques proactives et volontaristes», tempère-t-il.

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