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Egalité de genre : Le HCP livre les contours de la réalité marocaine

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Les travaux d’une rencontre organisée par le Haut-commissariat au Plan (HCP), se sont ouverts, jeudi à Rabat, autour de la thématique : « L’égalité de genre, impératif du développement durable ». Une occasion de présenter et débattre des résultats des travaux statistiques et études réalisées par le HCP sur la situation de genre dans différents secteurs d’activité du Royaume.

Lors de la séance inaugurale de cette manifestation, le Haut-commissaire au Plan Ahmed Lahlimi Alami, a relevé que le choix de cette thématique « n’est pas par goût de céder à la facilité » de travestir en évidence la complexité d’une réalité, mais surtout pour inscrire la problématique de l’égalité de genre dans le sillage des engagements internationaux et régionaux du pays et du pacte national consacré par son Nouveau modèle de développement. La problématique de l’égalité de genre, a-t-il dit, est en fait au cœur de celle plus complexe de la croissance économique et du progrès social dans un pays en transition économique, démographique, sociale et sociétale.
Il a, à cet effet, mis la lumière sur le poids de l’ensemble des structures économiques dans la précarité d’une inclusion compétitive des ressources humaines et en particulier leurs composantes féminines dans le processus de transformation économique et sociale du pays. Pour lui, la femme est piégée par le poids historique des rapports sociaux, mais elle y fait face avec beaucoup plus d’efforts que ne font les hommes. Ceci étant, elle a la même situation, qu’offre le marché de travail aussi bien aux hommes qu’aux femmes, qui reste peu créateur d’opportunités d’emplois en général et encore moins d’emplois décents en particulier.
Dès lors, la tendance baissière du taux d’activité des femmes est l’une des caractéristiques structurelles de la situation de la femme au Maroc. Ce taux qui s’élevait à 30% au début des années 2000, n’est aujourd’hui que de près de 21%, dénotant d’une faible valorisation du potentiel que constitue, en particulier, les femmes inactives. Selon A. Lahlimi, dans les conditions actuelles des structures économiques et en prenant en considération leurs caractéristiques individuelles et socioéconomiques, les estimations du potentiel féminin montrent que près de 1,7 million de femmes inactives pourraient devenir des actives occupées en situation de salariat.
La mobilisation de ce potentiel permettrait d’élever le taux d’activité des femmes à 34,8% et d’augmenter la valeur ajoutée totale de 13%. De plus, et malgré sa situation dans le marché de travail, la femme a une capacité plus grande de valoriser les capabilités qu’elle a acquise dans le système d’enseignement et de formation.
Aujourd’hui, précise A. Lahlimi, plus de la moitié (57%) des inscrits en instituts et écoles supérieurs sont des femmes, 13% dirigent des entreprises organisées et 19% des institutions sans but lucratif. Par ailleurs, les femmes représentent 40% des cadres supérieurs, membres des professions libérales et cadres moyens. Dans l’administration publique, elles occupent le quart des postes de responsabilité. Et d’ajouter que le leadership des femmes marocaines se déploie progressivement et induit aussi des changements fondamentaux au niveau social, économique et demain surement, politique et institutionnel.
Au lieu de subir le chômage, sa combativité investit aujourd’hui un autre champ qu’exprime la féminisation du phénomène de l’émigration. Les femmes représentent près du tiers de la population migrante et près de la moitié de la diaspora marocaine dans les pays d’Europe.
Sur un autre registre, et compte tenu de la faible transformation des structures économiques et sociales, 8 femmes sur 10 restent en dehors du marché de travail. La plupart d’entre elles sont des femmes au foyer (73,7%) ou des élèves ou étudiantes (15,1%). Les femmes dans cette situation se consacrent essentiellement à la garde des enfants et aux tâches domestiques (54%). Dans ces conditions, les femmes sont responsables de 84% de la création de la valeur ajoutée des activités domestiques, principalement les services de préparation de repas et d’entretien de logement. Aussi sont-elles engagées dans la scolarité de leurs enfants, en leur consacrant 70% des services de soutien à l’enseignement. Au total, les femmes consacrent en moyenne 5h par jour aux travaux domestiques, soit presque 7 fois plus de temps consacré par les hommes.
Dès lors, l’entrée de la femme dans la vie active ne l’a pas libéré de ses charges familiales. En exerçant un emploi professionnel, la femme continue à consacrer 4h17mn aux travaux domestiques. Ainsi, pour A. Lahlimi, les femmes, qu’elles soient actives occupées ou femmes au foyer, participent, ainsi, activement au bien-être social du foyer familial. Elles jouent un rôle de volant de stabilisation de la société en contribuant à la reproduction sociale de la force de travail. La présence de plus en plus grande dans l’espace public, l’implication de plus en plus forte dans la société civile, son accès au savoir et de plus en plus à l’avoir et demain au pouvoir, annonce un leadership féminin dont les conséquences seront déterminantes dans les transformations et les valeurs de la société. Ces changements ne se feront pas spontanément, avertit le Haut-commissaire. Les politiques publiques peuvent les contrarier, mais ce ne sera pas facile. Elles peuvent et doivent aussi les faciliter, en particulier, par une politique de discrimination positive.
Les travaux de cette rencontre traiteront de façon didactique et interactive les acquis et les défis nationaux en termes d’égalité entre les deux sexes et ce, par référence à une analyse économique de données inédites issues de la comptabilité nationale.

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