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Grand Angle

Maroc : Le HCP prône l’égalité de genre comme levier de développement durable

Au lendemain de l’appel des associations féministes marocaines pour adopter l’égalité de genre comme moyen pour consacrer le développement durable, le Haut-commissariat au plan (HCP) a inscrit ses travaux sur cette thématique dans la même dynamique, afin de répondre aux défis sociaux, économiques et climatiques à la fois.

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Photo d'illustration / DR.
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Référence des statistiques nationales dans différents secteurs sociaux et économiques, le Haut-commissariat au plan a consacré de nombreuses études chiffrées à la situation des femmes et aux questions d’égalité au Maroc. C’est ainsi que jeudi 10 mars, l’institution a organisé une journée d’étude portant sur «l’égalité de genre, impératif du développement durable», sous le haut patronage du roi Mohammed VI. L’occasion d’analyser en détails les aspects liés aux femmes et au marché du travail dans le pays, l’économie de l’emploi féminin et la contribution des femmes au travail domestique.

Ces aspects ont été analysés à la lumière de la plus récente édition de «La femme marocaine en chiffres», publication périodique qui répertorie depuis quelques années l’évolution de la situation des citoyennes dans tous ses aspects sociétaux, politiques et économiques. En effet, cet ouvrage consultable en ligne a démontré, depuis octobre 2021, que les indicateurs du progrès chez les femmes sont dans le rouge et continuent de baisser de manière inquiétante. Par secteurs, les chiffres mis à jour indiquent une évolution positive notamment l’accès à la santé et à l’éducation, mais les secteurs clés de l’autonomisation et de l’évolution sociale que sont l’emploi et l’insertion économique sont de moins en moins accessibles aux femmes, surtout depuis 2010.

Pour le HCP, les divers facteurs de ce déclin ne peuvent plus être considérés en faisant abstraction de la question du développement durable, des défis environnementaux et climatiques qui ramènent leurs lots de crises, impactant les secteurs économiques et surtout la place des femmes dans la dynamique économique. «Nous avons eu souvent l’occasion de souligner le poids des structures économiques dans la précarité d’une inclusion compétitive des ressources humaines et en particulier leurs composantes féminines dans le processus de transformation économique et sociale de notre pays», a expliqué jeudi le haut-commissaire au plan, Ahmed Lahlimi.

«Cette nécessaire transformation est en réalité pénalisée par une double contrainte qui pèse sur notre économie : la baisse tendancielle de notre croissance potentielle et la cyclicité de son taux en fonction de la pluviométrie. La transposition de cette situation sur les activités économiques et sociales nous renvoie l’image d’un paysage humain morcelé en une économie domestique piégeant 58% de femmes.»

Ahmed Lahlimi

Une égalité allant de pair avec des solutions aux défis climatiques

Pour le responsable, «les rapports entre l’offre économique et la demande sociale reste impactés par les variations des conditions climatiques». En effet, les bonnes campagnes agricoles ont permis, par le passé, d’améliorer le potentiel de la croissance jusqu’à 4%, «avec des externalités positives sur les revenus et sur la cohésion sociale». Inversement, ce potentiel retombe vers des rythmes modérés (2%), en temps de sécheresse, dont les périodes se font de plus en plus longues, avec un impact social et économique considérable, surtout dans le monde rural.

«La succession des cycles de sécheresse sévère pousse les femmes actives occupées à l’inactivité, alors que les hommes s’orientent vers des emplois vulnérables et précaires dans les villes pour surmonter les effets de la sécheresse. Le retour des conditions climatiques pluvieuses incite de nouveau les femmes à renouer avec des emplois.»

Ahmed Lahlimi - HCP

La somme de ces facteurs fait que la qualité de l’emploi des femmes reste faible. «Quand elles accèdent à l’emploi, celui-ci est dominé par l’emploi non rémunéré et une inégalité forte dans sa rémunération», a soutenu Lahlimi. «64% des femmes actives occupées ont un emploi rémunéré contre 91% pour les hommes» et généralement, «la quasi-totalité des branches présente un écart salarial significatif de l’ordre de 30% en défaveur des femmes», souvent reléguée à des secteurs à faible productivité. Selon le compte satellite de l’emploi, «la productivité des femmes réalisée aussi bien dans l’agriculture que dans l’industrie est inférieure à la productivité moyenne de ces branches de 75% et 45% respectivement».

Faire ainsi de l’égalité une base pour la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU, selon le HCP, est une réponse aux défis structurels des disparités de genre, doublés du défi climatique et de son poids sur les économies nationales. Cette option a été prônée notamment par le tissu associatif, au lendemain de la Journée mondiale des droits des femmes. L’Association marocaine des femmes du Maroc (ADFM) a, dans ce sens, estimé que les retards accumulés sur les stratégies d’autonomisation des femmes et des filles «font rater au pays la chance de bénéficier d’une énergie humaine conséquente, qui aurait permis de réaliser le développement durable».

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