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COLLECTION PARTICULIERE

Affaire Borrel : que savaient les services de renseignement français ?

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Publié le 11 mars 2019 à 05h00, modifié le 11 mars 2019 à 08h13

Temps de Lecture 9 min.

C’est un mystère vieux de vingt-trois ans, une énigme dans laquelle Cyril Paquaux, le dixième juge chargé du dossier, se heurte à une forme d’omerta. Qui a tué Bernard Borrel, magistrat français en poste à Djibouti, en 1995 ?

Alors que la justice veut connaître la vérité sur cette affaire, l’Etat rechigne à ouvrir vraiment les archives de ses services de renseignement. Pour comprendre à quel point ces documents seraient utiles au juge, il faut commencer par revenir à la scène de crime, le jeudi 19 octobre 1995, à Djibouti…

Ce matin-là, à 7 h 20, deux sous-officiers de la prévôté française – des gendarmes rattachés aux forces françaises à l’étranger – découvrent un 4 x 4 Suzuki bleu sur le parking du Goubet, à 80 kilomètres à l’ouest de la capitale. La porte est ouverte côté conducteur, les clés sur le Neiman, un portefeuille, intact, dans le vide-poches, avec une carte de coopérant au nom de Bernard Borrel. Les gendarmes s’avancent vers la rambarde qui borde le parking.

Un décor grandiose s’offre à eux : une vaste baie de pierres noires et rouges plongeant dans la mer en un long éboulis de rochers déchiquetés. A une quinzaine de mètres en contrebas, ils aperçoivent alors un corps recroquevillé en chien de fusil, à moitié brûlé. L’alerte est donnée. A 9 heures, un hélicoptère de l’armée française décolle de Djibouti pour conduire sur les lieux le colonel Rémi Bordron, attaché de défense, et le commissaire André Minana, du service de coopération de la police, qui identifient la victime. Il s’agit bien de Bernard Borrel, dont l’épouse avait signalé la disparition peu après minuit.

Elisabeth et Bernard Borrel avec l’un de leurs fils.

Yeux marron, 1,81 m, ce magistrat de 40 ans a le physique de sa fonction, droit et un peu raide. Depuis avril 1994, il est le conseiller technique du ministre djiboutien de la justice. Sa mission : aider à réformer le code pénal, créer une cour d’appel, abolir la peine de mort et améliorer le système carcéral de la dernière colonie française à avoir obtenu son indépendance, en 1977.

Qualifié d’homme « réservé », ce catholique pratiquant est l’archétype du bon élève : major de sa promotion à l’Ecole nationale de la magistrature en 1980, il a tout de suite choisi le ministère public. Il est procureur à Lisieux (Calvados) lorsqu’il décide de se porter candidat à ce poste détaché à la Coopération. Son épouse, Elisabeth, elle aussi magistrate, le suivra à Djibouti avec leurs deux petits garçons.

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