Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Naufrage du « Bugaled-Breizh » en 2004 : la justice britannique conclut à l’« accident de pêche »

Cinq marins français sont morts le 15 janvier 2004 dans le naufrage de leur bateau, au large des Cornouailles. Vendredi, la justice britannique a écarté la thèse de l’accrochage avec un sous-marin, défendue par les familles des victimes.

Le Monde

Publié le 05 novembre 2021 à 17h25, modifié le 05 novembre 2021 à 20h30

Temps de Lecture 3 min.

L'épave du chalutier breton « Bugaled-Breizh », posée sur une barge et tirée par un remorqueur de haute-mer en direction du port militaire de Brest, le 13 juillet 2004, où elle fut mise en cale sèche pour être expertisée.

La justice britannique s’est rangée, vendredi 5 novembre, à la thèse de l’accident de pêche pour expliquer le naufrage du chalutier français Bugaled-Breizh en 2004, écartant l’hypothèse de l’accrochage avec un sous-marin, défendue par les familles des victimes. Le bateau breton a sombré très rapidement au large des Cornouailles (sud-ouest de l’Angleterre) où il pêchait dans des conditions météorologiques plutôt bonnes. Les cinq marins qui se trouvaient à bord avaient été emportés par le fond.

Cinq ans après le non-lieu définitif prononcé en France, les proches des victimes espéraient que les trois semaines d’audience tenues en octobre à la Haute Cour de Londres permettraient de faire apparaître de nouveaux éléments susceptibles de relancer l’enquête. Si la justice française n’avait pu trancher entre l’hypothèse d’un accrochage avec un sous-marin militaire et celle d’un accident de pêche, le juge Nigel Lickley s’est montré plus catégorique : le chalutier a bien « coulé en raison d’un accident de pêche », a-t-il tranché en rendant ses conclusions, ajoutant qu’aucun autre navire ne se trouvait à proximité.

« Je chavire, viens vite ! », avait lancé le patron du Bugaled-Breizh (« enfants de Bretagne », en breton) Yves Gloaguen, dans un appel de détresse à l’un de ses confrères à la mi-journée ce jour-là. A bord du chalutier, qui pêchait dans des conditions plutôt bonnes, se trouvaient cinq marins expérimentés, « à cheval sur la sécurité », selon leurs proches.

Recours envisagé par les familles des victimes

Des cinq victimes, seuls les corps de Patrick Gloaguen, Yves Gloaguen et Pascal Le Floch ont été retrouvés – le premier dans l’épave lors de son renflouement, les deux autres dans les eaux britanniques. C’est sur la mort de ces deux derniers que s’est concentrée la procédure britannique. Georges Le Métayer et Eric Guillamet ont quant à eux été portés disparus en mer.

Si la procédure britannique ne pouvait aboutir au prononcé de condamnations, les familles des victimes espéraient qu’elle puisse faire surgir de nouveaux éléments susceptibles de nourrir une demande de réouverture de l’enquête en France. Le non-lieu prononcé par la justice française est devenu définitif en 2016 après le rejet de leur dernier recours.

Le juge britannique se fonde « essentiellement et uniquement sur un seul rapport qui a été rédigé par dix militaires français deux ans après le naufrage », a affirmé Thierry Le Métayer, fils de Georges Le Métayer. « Seulement il y a plein d’experts indépendants » qui ont écarté la thèse du train de pêche accrochant sur un banc de sable, c’est-à-dire une « croche molle », a-t-il ajouté. Il n’existe « aucun exemple dans le monde d’une croche molle qui entraîn[erait] un naufrage », a-t-il poursuivi, expliquant envisager un recours.

« Il ne s’agit pas d’une fin », a souligné son avocat, Dominique Tricaud, « la quête des familles pour la vérité ne s’arrêtera que le jour où on aura identifié le sous-marin auteur des faits ». La décision britannique est un « coup de poignard supplémentaire » pour les familles, a également réagi le président de l’association SOS Bugaled Breizh.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Des familles naufragées

« Nous n’étions absolument pas impliqués »

Au fil des auditions devant la Haute Cour de Londres, l’hypothèse de l’accrochage avec un sous-marin militaire, privilégiée par les familles des victimes, s’est effectivement éloignée au profit de celle d’un accident de pêche, dû à un équipement du navire qui aurait agrippé le fond, défendue par un expert à l’audience.

Le Monde Application
La Matinale du Monde
Chaque matin, retrouvez notre sélection de 20 articles à ne pas manquer
Télécharger l’application

La présence de trois sous-marins (le néerlandais Dolfijn, l’allemand U22 et le britannique Torbay) a été certifiée dans la zone, où se préparaient des exercices militaires. Les soupçons des familles se sont cependant portés sur un autre sous-marin, le britannique Turbulent. Devant la Haute Cour, la marine néerlandaise et la Royal Navy ont exclu toute implication, la première affirmant que le Dolfijn naviguait en surface quand l’accident est survenu, la seconde que le Turbulent n’était pas en mer le jour du naufrage.

« Nous n’étions absolument pas impliqués. Nous étions à quai », à Devonport (sud-ouest de l’Angleterre) « le 15 » janvier, a affirmé, lors d’un témoignage très attendu, le commandant d’alors du sous-marin britannique, Andrew Coles. Quant à l’hypothèse de la présence d’un sous-marin allié non identifié dans le secteur des exercices, elle a été jugée « impensable » par le commandant Daniel Simmonds, un responsable des opérations sous-marines de la Royal Navy.

Le Monde

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Contribuer

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.