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Collection particulière

« Ce mensonge d’Etat dure depuis cinquante et un ans » : le mystère du vol Ajaccio-Nice

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Publié le 10 octobre 2019 à 06h30, modifié le 11 octobre 2019 à 10h38

Temps de Lecture 8 min.

Ce mercredi 11 septembre 1968, le temps est idéal. Ciel bleu sur toute la ligne entre Ajaccio et Nice. Pas un nuage à l’horizon, aucune turbulence à prévoir. Il est 10 h 30. Le vol AF 1611 a décollé de l’aéroport Campo Dell’Oro il y a une vingtaine de minutes et son atterrissage à Nice-Côte d’Azur est imminent. Dans le cockpit de la Caravelle, le commandant Michel Salomon, 36 ans, 8 745 heures de vol, a prévenu l’équipage. Son copilote, Emile Duvinage, 33 ans, 4 225 heures de vol, et le mécanicien Roger Juan, 39 ans, 4 304 heures de vol, sont fin prêts pour négocier une approche a priori sans problème. A bord, les 89 passagers et les 3 membres d’équipage ont attaché leurs ceintures. Soudain, à 10 h 31, la tour de contrôle niçoise reçoit ce message : « J’ai le feu à bord. On va crasher, c’est sûr ! » Silence. Deux minutes interminables s’écoulent. A 10 h 33, la tour de contrôle annonce : « Contact perdu à 20 milles au sud d’Antibes. »

L’appareil a disparu des radars. Il s’est abîmé dans l’eau à proximité de la côte. Moins d’une heure plus tard, les premiers secours arrivent sur zone. Ils repêchent des débris de carlingue, des cadavres déchiquetés, des affaires personnelles… Seuls quinze corps, ou ce qu’il en reste, sont identifiés. Ils seront enterrés au cimetière d’Ajaccio, où un mémorial leur sera consacré.

Mathieu Paoli avait 24 ans. Sa mère, Toussainte, et son père, Ange-Marie, sont morts ce jour-là. Il n’a plus que le porte-monnaie de sa mère, retrouvé au milieu de centaines d’objets épars flottant sur la Méditerranée. Ce 11 septembre, Ange-Marie et Toussainte effectuaient l’un de leurs derniers allers-retours entre l’île, où ils préparaient leur retraite au village familial de Pastricciola, et le continent.

Cinquante et un ans ont passé. Comme les membres des 35 autres familles meurtries par ce drame, Mathieu et son frère cadet Louis veulent toujours savoir pourquoi cet avion, un modèle récent sorti des chaînes de montage en avril 1968, a soudainement décroché. Le 14 décembre 1972, le Journal officiel publie le rapport final sur l’accident, qui évoque un « incendie » d’origine indéterminée. Le feu serait parti du fond de la cabine. Une cigarette mal éteinte – à l’époque on avait le droit de fumer dans les avions ? Un court-circuit ? L’enquête ne conclut rien, mais la thèse d’un départ de feu inexpliqué laisse sceptiques de nombreux professionnels et connaisseurs de l’aviation civile. S’il y avait eu un départ de feu, les extincteurs installés dans la cabine auraient été utilisés, selon les procédures d’usage. Or, ils sont restés accrochés à leurs supports.

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