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Vingt-cinq ans après l'explosion de Toulon, Hollande appelé à rouvrir le dossier

Les rescapés n'ont jamais admis l'hypothèse d'une explosion due au gaz privilégiée par la justice. Ils craignent « une manipulation de l'Etat », comme le soutient l'ouvrage d'un journaliste.

Par  (Nice, correspondant)

Publié le 21 février 2014 à 15h17, modifié le 21 février 2014 à 15h17

Temps de Lecture 2 min.

Le 15 février 1989, à 14 h 26, une violente explosion détruit un bâtiment du vieux Toulon, faisant 13 morts et 32 blessés. Vingt-cinq ans après, l'origine du souffle qui a emporté l'immeuble, baptisé la « Maison des têtes » en raison de mascarons qui ornent la façade, génère toujours le doute parmi les familles des victimes.

Réunis en association, les rescapés n'ont jamais admis l'hypothèse d'une explosion due au gaz privilégiée par la justice, qui a clos le dossier en 1994 par un non-lieu, confirmé en appel en 1995.

« CERTAINS FAITS SONT TROUBLANT »

Désormais, les familles veulent attirer l'attention du président de la République. Elles ont confié à Roger Alfonsi une lettre destinée à François Hollande, assortie d'une contre-enquête publiée par le journaliste Max Clanet (Blessures de guerre, Le Spot, 400 p., 20 euros). Le candidat PS aux municipales à Toulon s'est engagé à transmettre le tout au chef de l'Etat en fin de semaine.

Pour ce proche de M. Hollande, « les familles n'ont pas obtenu d'explications cohérentes. J'ignore quelle est la vérité. Certains faits sont troublant. »

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En 1989, quarante-huit heures après la déflagration, les autorités privilégient l'hypothèse du suicide au gaz d'une locataire du 3e étage. Cette explication n'est pas cohérente aux yeux des familles de victimes : elles affirment que la retraitée n'avait aucune raison de mettre fin à ses jours. Le doute s'instille. Personne n'a senti d'odeur de gaz. Les techniciens d'EDF sont sceptiques et des victimes ont senti « comme de la poudre ». D'autres témoins ont entendu un sifflement, parmi eux un ancien officier.

Un des rescapés, Wulfran Dherment, qui travaillait au premier étage dans un laboratoire dentaire, affirme au Monde : « Une collègue, Alexandra Baille, 19 ans, qui se trouvait près de la fenêtre a crié un juron : “M.. !” On peut supposer qu'elle a vu quelque chose dans le ciel… J'ai bondi avant que tout ne s'écroule. Le souffle était puissant, silencieux ! » Qu'a vu la jeune victime ? La thèse d'un engin militaire a été évoquée à maintes reprises depuis vingt-cinq ans.

Ce drame a t-il donné lieu à « une manipulation de l'Etat » comme le soutient l'ouvrage de Max Clanet ? Jean-Pierre Chevènement, ministre de la défense au moment des faits, a déclaré au Monde le 30 janvier : « La justice a conclu à une explosion au gaz. Si ce livre conteste cela, encore faut-il qu'il apporte des preuves ! »

UN ENGIN EXPLOSIF

A la demande des familles, plusieurs expertises privées ont été menées. Fin 2012, une nouvelle analyse a été effectuée sur des prélèvements. On y découvre des particules de baryum, d'aluminium, de cobalt mais surtout des éclats de tungstène en grande quantité, un métal lourd que l'on ne trouve que très rarement. Il entre dans la composition de nombreux explosifs.

Des engins étaient en expérimentation sur l'île du Levant à cette époque. L'armée américaine utilise ces mélanges. Cette expertise aboutit à une conclusion : un engin explosif de type indéterminé est à l'origine ou a participé à la destruction de la « Maison des têtes ».

Les familles des victimes, conscientes qu'il sera difficile de rouvrir le dossier attendent de François Hollande qu'il « rétablisse la vérité », martèle leur porte-parole, Jeanine Cila-Sorin.

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