Combien de Marocains serons-nous en 2050 ? Un spécialiste répond

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La population mondiale a franchi le 15 novembre 2022 le seuil des 8 milliards d’habitants, une journée qui constitue une occasion de se projeter dans le futur pour anticiper les tendances démographiques à venir, notamment au Maroc et les retombées socio-économiques.

Intervenant lors d’une rencontre-débat organisée récemment à Rabat par le Haut-Commissariat au Plan (HCP) et le Fonds des Nations-Unies pour la Population (UNFPA) sous le thème « Les trajectoires et défis démographiques » dans l’objectif de célébrer l’atteinte de ce seuil, le directeur du centre d’études et de recherches démographiques au HCP, Mohammed Fassi Fihri a fait un état des lieux de la situation démographique au Maroc. Il s’est arrêté sur ses perspectives démographiques à l’horizon 2050.

1- Quelle est la situation démographique du Maroc ?

Le Maroc est en voie d’achever sa transition démographique et converge à grands pas vers un modèle similaire à celui des pays avancés avec un croît naturel de la population de plus en plus ralenti, dû à une baisse rapide de sa fécondité et une plus longue longévité.

Cela s’explique par l’amélioration de l’espérance de vie de sa population (47 ans en 1960 à 76,8 ans actuellement) et la chute de la fécondité (de 7,2 enfants par femme en 1960 à 2,2 aujourd’hui).

2- Quelles sont les perspectives démographiques à l’horizon 2050 ?

Le taux d’accroissement annuel moyen serait de 0,6% entre 2022-2050, en ralentissement par rapport au rythme enregistré auparavant (1,1% entre 2010 et 2022). En outre, il y aura une population additionnelle de 250.000.

Par ailleurs, malgré la baisse du rythme démographique, les besoins nécessaires pour faire face au croît de la population reste assez important.

– Structure par âge de la population du Maroc:

Conséquence de cette transition, on assiste à une inversion de la pyramide des âges avec une progression de la population en âge d’activité et des personnes âgées en termes absolus et relatifs.

En parallèle, le recul de la part des jeunes se poursuivra essentiellement en raison de la baisse de la fécondité.

– Une baisse de la population des enfants:

L’effectif des enfants (moins de 15 ans) baisserait de 9,3 millions à près de 7,8 millions entre 2022 et 2050 et leur poids passerait de 25% à environ 18% en 2050.

– La pression sur le marché du travail ne cessera pas:

Le nombre d’actifs potentiels (15-59 ans) s’accroitrait de 22,9 à 25,7 millions et va exercer une pression plus forte sur le marché de l’emploi.

Lire aussi: La population mondiale atteint ce mardi 8 milliards d’habitants

– Un renouvellement de l’élite marocaine:

L’arrivée sur le marché de l’emploi de jeunes mieux formés et plus compétents. Ces jeunes ont une immense pulsion pour le changement et portent un intérêt croissant pour les nouveaux métiers du secteur privé.

Par leur formation, leurs pratiques sociales et leur vision du monde, ces élites seront différentes de celles de la fin du 20ème siècle. Ces élites seront partagées entre leur identité nationale plurielle et un horizon porté par la technologie et l’ouverture sur le monde.

– Une aubaine démographique:

Le Maroc dispose d’un potentiel démographique qui peut se transformer en gain économique. Il s’agit d’une période propice pour une croissance économique plus rapide et une amélioration du bien-être. Cette période appelée « fenêtre démographique », qui s’est ouverte au début des années 2000 devrait se refermer vers 2040.

Pour en bénéficier, des efforts sont à déployer dans différents domaines notamment la santé, l’éducation et l’emploi. Il est aussi nécessaire de mettre en place des politiques économiques encourageant l’épargne et l’investissement.

– Le vieillissement de la population est inéluctable:

Les personnes âgées verraient leur effectif s’accroître d’une façon soutenue avec un rythme annuel de 3% entre 2022 et 2050. L’effectif des personnes âgées passerait de 4,5 millions aujourd’hui à 10 millions en 2050, une année où elle représenterait 23,2% de la population totale alors qu’elle ne constitue que 12,2% actuellement.

Les séniors de plus de 75 ans devraient voir leur nombre tripler : 0,9 millions en 2022 à 3 millions en 2050. Par ailleurs, le phénomène du vieillissement serait plus intense dans les villes.

– Mobilité internationale :

Le Maroc n’est plus uniquement un pays d’émigration, il est aussi devenu un lieu d’immigration et de transit. La migration internationale restera pour le Maroc un enjeu de premier plan dans les décennies à venir.

– Une urbanisation croissante :

Le principale du croît démographique marocain aura lieu dans les villes. La population urbaine passerait de 23,6 millions à 32,1 à 2050 alors que la population rurale connaitrait une baisse de 13,1 millions à 11,5 millions.

Le taux d’urbanisation attendrait 73,6% vers 2050 contre 64,3% actuellement. L’urbanisation est considérée comme un des moteurs du progrès économique et social mais une forte croissance urbaine rajoutée à des difficultés notamment de logement, de la qualité de l’environnement, d’emploi et de transport pourrait au contraire handicaper ce développement.

Ainsi, il est nécessaire de mettre en place une politique adéquate d’aménagement de l’espace marocain et de poursuivre la lutte contre la multiplication de l’habitat insalubre, afin de réduire sensiblement la pauvreté et la vulnérabilité économique et sociale.

– Une augmentation soutenue du nombre des ménages conjuguée à une diminution de leur taille:

Le nombre des ménages passerait de 8,8 millions actuellement à près de 13,7 millions en 2050, soit une hausse de 43% alors que la taille moyenne des ménages baisserait de 4,2 en 2022 à 3,2 en 2050.

L’évolution des ménages poserait des défis en termes de création de logements et des biens d’équipement.

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