L’effort d’investissement, orienté à la baisse et dont le rendement, mesuré par l’ICOR, a été en détérioration au cours de la dernière décennie 2010-2019 s’établissant à 9,2, ne permettrait pas de récupérer les pertes de points de croissance ni de postes d’emplois enregistrés au cours des trois dernières années.
Les chocs subis par notre économie au cours des trois dernières années, et malgré sa résilience relative, nous laissent des dégâts plus durables sur les ressources économiques et sur le capital productif et humain.
Pendant la décennie 2010, et suite au choc de la crise financière internationale de 2007, le Maroc a perdu 75 mille postes de son potentiel de création d’emploi et la dynamique de croissance de son stock de capital physique s’est abaissée de 0,7 point par rapport à la décennie 2000-2009.
En 2022, les pertes avoisinent 22 mille emplois dans le sillage de la crise sanitaire de Covid-19 et s’est établie à -1,3 point au niveau de la dynamique de croissance du stock de capital.
L’année 2023 se solderait sur un retour de la croissance vers un sentier d’évolution moins soutenu comparativement à la période d’avant crise, avec des faibles gains sur les déséquilibres macroéconomiques et des risques de renforcement de la cherté de l’argent.
« L’accentuation des menaces sur le développement de la rentabilité des entreprises renforce le risque d’un affaiblissement plus prononcé de la productivité et de la croissance potentielle, dans un contexte de cherté du financement », alerte Lahlimi à l’occasion de la présentation du Budget prévisionnel.
Et d’ajouter : » Il faudrait souligner que le taux de croissance potentielle avait connu une réduction progressive, passant de près de +4,8% en moyenne annuelle en 2000-2009 à près de 3,4% en 2010-2019″.
L’effort d’investissement, orienté à la baisse et dont le rendement, mesuré par l’ICOR, a été en détérioration au cours de la dernière décennie 2010-2019 s’établissant à 9,2, ne permettrait pas de récupérer les pertes de points de croissance ni de postes d’emplois enregistrés au cours des trois dernières années.
Regagner les niveaux réalisés d’avant la crise du Covid en termes de lutte contre la pauvreté et les inégalités sociales serait également plus lent, notamment avec le prolongement des politiques publiques peu accommandantes.
Les entreprises et les ménages leaders de l’investissement
Pour éviter une accentuation de l’affaiblissement de la croissance économique, il est indispensable de renforcer les investissements productifs. Contrairement à ce que l’on croit généralement, ce sont les entreprises privées et les ménages qui jouent un rôle décisif dans la relance du capital physique, puisqu’ils assurent 66% de la formation brute de capital fixe globale en moyenne entre 2000 et 2019, au moment où l’investissement public n’assure que le tiers restant.
L’investissement public devrait donc constituer à terme un levier de croissance, en favorisent des investissements privés plus importants et plus efficaces.
L’approche prospective de notre croissance
« Nous avons amorcé l’exercice d’évaluation des efforts à déployer pour replacer nos perspectives économiques dans un sentier de croissance plus durable, plus inclusive et plus résiliente, dans le cadre de 3 scénarios, dont les grandes lignes vous seront présentés. Ils seront soumis à un débat plus approfondi au cours d’un prochain séminaire dédié à cette thématique », tient à préciser Lahlimi.
Le premier scénario, de type « Tendanciel », projette les perspectives de croissance à l’horizon 2035 en reprenant les caractéristiques structurelles de l’économie nationale telles qu’observées sur les dernières années.
Le deuxième appelé « Souhaitable » évalue les efforts à déployer pour réaliser les objectifs fixés par le Nouveau Modèle de développement (NMD) qui constitue désormais le référentiel stratégique de contextualisation et d’analyse des ODD.
« Un dernier scénario dit « Réalisable » est simulé afin d’évaluer les efforts à mettre en œuvre, en prenant en compte les capacités de financement possibles de l’économie marocaine pour hisser la croissance et améliorer les niveaux de réalisation des ODD », rappelle le Haut commissaire au Plan.