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Comment l'industrie du verre compte réduire ses émissions de CO2

Les vingt premières entreprises européennes du secteur vont construire un four électrique qui leur permettrait de réduire leur dépendance aux énergies fossiles dans leur processus de production. Un projet coûteux et long à mettre en oeuvre.

Les fours fabricant la matière première du verre à très haute température fonctionnement aujourd'hui majoritairement au gaz.
Les fours fabricant la matière première du verre à très haute température fonctionnement aujourd'hui majoritairement au gaz. (DR)

Par Vincent Collen

Publié le 16 mars 2020 à 07:00

L'industrie du verre se met en ordre de marche pour réduire son empreinte carbone, un combat crucial dans la lutte de longue haleine qu'elle a engagée contre le plastique . Vingt fabricants européens d'emballages en verre (bouteilles, flacons, pots…) ont décidé de s'unir pour construire « le premier four électrique hybride de grande capacité ».

L'annonce est dévoilée ce lundi par la Fédération européenne du verre d'emballage. « Cette technologie constituera, nous l'espérons, une évolution clé de notre industrie au cours de la décennie », explique Michel Giannuzzi, son président. Les entreprises qui portent ce projet représentent ensemble 90 % de la production du Vieux-Continent, répartie dans 150 usines.

Au moins 1.300 degrés

Les fours produisant la matière première du verre nécessitent une température d'au moins 1.300 degrés. Ils fonctionnent majoritairement au gaz aujourd'hui et certains, peu nombreux, utilisent encore du fioul. Résultat, le secteur émet 11 millions de tonnes de CO2 par an, soit 0,5 % des émissions européennes.

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« Les matières premières utilisées pour la fabrication du verre sont relativement peu carbonées parce qu'elles sont sourcées localement en grande majorité, explique Laura Chatel, de l'association de défense de l'environnement Zero Waste. L'essentiel des émissions de gaz à effet de serre est généré par le processus de fabrication ». Chaque tonne de verre émet 510 kg de CO2, une quantité qui tombe à moins de 360 kg lorsqu'il est issu de verre recyclé, détaille-t-elle.

« Pas avant 2040 »

Les nouveaux fours fonctionneront à l'électricité à hauteur de 80 %, le solde provenant encore du gaz naturel. Les fabricants d'emballages en verre espèrent ainsi réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de moitié. A condition que l'électricité utilisée soit intégralement d'origine renouvelable, ce qui n'est évidemment pas le cas aujourd'hui en Europe.

L'évolution promise par le secteur sera relativement lente. Il faudra d'abord deux à trois ans pour construire le four pilote et vérifier qu'il fonctionne comme espéré. Les remplacements des anciens fours ne pourront donc pas commencer avant 2024 ou 2025. Sachant que la durée de vie moyenne d'un équipement de ce type est de plus de douze ans, la conversion à l'électricité de toutes les lignes de production n'interviendra « pas avant 2040 dans le meilleur des cas », poursuit Michel Giannuzzi.

10 % plus cher

Ce verdissement de la filière représente un coût supplémentaire pour les industriels : les nouveaux fours coûteront environ 10 % plus cher que les anciens sur l'ensemble de leur cycle de vie. « L'électricité coûte trois à quatre fois plus cher que le gaz aujourd'hui », souligne le président de la Fédération, qui est aussi le patron de Verallia, ancienne filiale de Saint-Gobain aujourd'hui cotée en Bourse.

En améliorant son bilan carbone, le verre espère renforcer ses positions face au plastique, moins cher mais de plus en plus critiqué. Le verre peut être recyclé « à l'infini », rappelle Michel Giannuzzi, et le taux de collecte des emballages en verre usagés ne cesse de progresser, frôlant les 80 % dans l'Union européenne. « Alors que la part du verre dans l'emballage déclinait régulièrement, la tendance est désormais inversée : nous progressons plus vite que le plastique », se félicite Michel Giannuzzi.

Les ONG prônent la réutilisation

Le bilan carbone du verre serait encore meilleur si la consigne était généralisée. « Fabriquer des emballages en verre pour un usage unique est absurde, alors qu'ils présentent toutes les qualités requises pour être réutilisés plusieurs dizaines de fois avant d'être recyclés », critique Laura Chatel.

Vincent Collen

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